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Consulter un maître d'oeuvre paysagiste - les astuces et bons conseils


Lhoteric, le 11-05-2012 à 02h27 :

Tout d'abord, précisons que vous n'avez besoin d'un maître d'œuvre paysagiste que lorsque vous voulez bâtir un projet complexe, qui demande une harmonie et une coordination fine des différents corps de métier. Le Maître d'œuvre est auteur-compositeur-chef d'orchestre, il vend de la prestation intellectuelle. Vous n'avez pas besoin de lui pour refaire la pelouse de votre jardin ou pour planter une haie, ses honoraires vous coûteraient aussi cher que les travaux. Nous recevons tous les jours des demandes pour des petits jardins et non pas que nous les refusons, nous faisons plutôt comprendre que ce n'est pas souhaitable pour le client et pour nous. Pour vous donner une idée, nous ne dirigeons pas de projets en dessous de 10 000€ de travaux, ou alors c'est pour nous faire plaisir lorsque le projet est sexy.
Les honoraires d'un bon "paysagiste conseil" varient autour de 500€ à parfois plus de 1000€ la jouée pour certains grands noms du paysage.

Ensuite il faut savoir quel paysagiste vous correspond le mieux, car tous n'ont pas la même sensibilité, ils sont des artistes qui traînent avec eux des expériences, du savoir, des préférences esthétiques, des caractères... Le maître d'œuvre doit vous paraître sympathique mais jamais insistant ou arrogant. Il peut vous proposer mais jamais vous imposer sa vision du monde et encore moins de votre ouvrage. Il doit être imaginatif et bon technicien, savoir mettre en évidence vos besoins et vos envies. A vous de sentir s'il a la "fibre" pour interpréter vos désirs et les réaliser au delà de vos espérances.

Un paysagiste qui vous répète "j'ai envie de..." ou "j'aimerai bien ceci cela..." est un paysagiste qui conçoit selon ses envies, des flashs, des illuminations... Ce n'est pas très pertinent. Un bon concepteur doit d'abord vous assaillir de questions avant de pouvoir exposer clairement les problématiques et les enjeux.

Pour voir des exemples de conceptions, vous pouvez consulter nos références en cliquant sur l'onglet "Projets" en haut de page. Vous y verrez des documents variés d'esquisses, d'avant-projets, des plans détaillés, des coupes techniques...

Voilà pour ceux qui ne savent pas à quoi peut ressembler un devis quantitatif estimatif (DQE) de travaux établi par un paysagiste conseil consciencieux.
Ce devis n'est pas celui de l'entreprise qui exécutera les travaux, c'est un document hautement confidentiel que produit le maître d’œuvre pour son client, afin que ce deier puisse vérifier que le projet comporte tout ce qui a été conçu et que l'enveloppe chiffrée sera conforme à son budget. Ce DQE sera par la suite vidé de ses prix pour être envoyé aux entrepreneurs, lesquels apporteront les prix définitifs au maître d'ouvrage (le client final).



Il ne faut pas confondre ce devis avec les honoraires du maître d'œuvre, qui varient en fonction de la complexité du projet et du temps d'étude. Pour donner une vague fourchette, ils vont en moyenne de 6 à 8% du montant des travaux pour des gros chantiers à, dans des cas exceptionnels, plus de 20% pour des petits travaux. Votre "paysagiste conseil" peut vous proposer une simple prestation de conception mais peut aussi vous faire un package de plusieurs prestations allant par phases, de l'étude de diagnostic (DIA) à l'assistance aux opérations de réception des travaux (AOR) en passant au choix par le programme, l'esquisse (ESQ), l'avant-projet (AVP), l'avant projet détaillé (APD), le projet (PRO), l'assistance à la passation des contrats de travaux (ACT), la direction de l'exécution des travaux (DET), l'ordonnancement, le pilotage et la coordination du chantier (OPC)...

Un contrat de maîtrise d’œuvre complète ou partielle peut être négocié à votre avantage, si vous comptez effectuer vous-même des prestations ou si vous voulez les confier à d’autres tiers. Le contrat de maîtrise d’œuvre n’est pas obligatoire, mais sachez que de toute façon, la réglementation en vigueur impose de fait des obligations incontouables aux deux parties, comme par exemple le devoir de conseil du maître d’œuvre ou la responsabilité totale du maître d’ouvrage.

Lorsqu'une prestation est complexe, elle doit être détaillée par des plans, dessins techniques, échantillons... bref, tous les détails qui permettent la bonne compréhension du projet. Lorsque vous achetez une machine à laver, vous avez toujours un manuel d'utilisation avec. Dans un projet de jardin c'est pareil.
Ce dossier complet qui définit votre projet sera mis sous forme d'un dossier de consultation des entreprises (DCE) qui comprend obligatoirement le bordereau des prix unitaires (BPU), et aux choix un cahier des charges, un cahier des clauses communes s'il y a plusieurs lots (CCC), un cahier des clauses techniques particulières pour chaque lot (CCTP), un cahier des clauses administratives générales et particulières (CCAG et CCAP), un caet de détails, des plans, dessins, coupes, notices techniques, des chartes diverses et variées... A noter que les clauses administratives (comprenant par exemple : mode de paiement, retenues de garanties...) sont toujours ou presque établies par le maître d'ouvrage mais il peut être demandé au maître d’œuvre de produire le document. Le tout sera envoyé aux entreprises pour qu'elles puissent proposer une offre. Vous pouvez aussi passer une annonce dans un joual légal ou une des nombreuses centrales de marchés privés disponibles dans les annuaires et sur le net pour augmenter vos chances d'avoir des réponses favorables. Mais sachez que pour un projet privé, il est généralement plus judicieux de consulter deux ou trois entreprises locales pressenties. Au passage, vous pouvez demander à votre paysagiste de vous établir un volet paysager pour appuyer votre demande de permis de construire ou permis de travaux.

Un devis bien fait est d'abord un devis détaillé et affichant des prix honnêtes. Il doit refléter exactement ce que vous avez convenu avec votre paysagiste et peut contenir des options et des variantes, que l'on retiendra ou non lors du visa des offres. N'hésitez pas à demander de revoir le devis, sa formulation, les prix, les produits et matériaux et ne donnez votre accord que lorsque ce devis vous conviendra parfaitement. Vous pourrez toujours compléter de futures prestations par un ou plusieurs avenants. Rappelez-vous que les décisions en amont sont les plus importantes et vous guideront durant tout votre projet. La plupart des problèmes sur les chantiers sont dus à des carences dans la conception ou le chiffrage, à des problèmes de limites de prestations (qui fait quoi).
Mais si au contraire vous souhaitez en cours de route sabrer des prestations, votre paysagiste est en droit de vous demander des honoraires sur des ouvrages qu'il aura étudiés même s'ils ne sont pas réalisés.

Lors de l'étude des offres (visa), on constate généralement que les prix trop bas sont source de problème : bien qu'alléchants, l'entreprise a déjà une raison de bâcler le travail et n'aura pas de marge de manœuvre. A l'inverse des prix trop hauts sont un indice d'entente possible ou de connivence entre le maître d'œuvre et l'entreprise (ou un entrepreneur trop avide). Il existe des maîtres d’œuvre peu scrupuleux qui ne se gênent pas pour se faire payer des extras en nature aux frais de la princesse (pots de vins par les entreprises pour les avoir favorisées). L'honnête maître d'œuvre est un négociateur qui doit protéger vos intérêts (pas ceux de l'entrepreneur) et se faire votre interprète quand vous voulez dialoguer avec l'entreprise. Vous devez être vigilant à ce phénomène répandu de conflit d'intérêt qui peut vous coûter cher sans que vous vous en aperceviez. Un maître d’œuvre honnête ne doit pas rentrer dans la négociation des prix, il doit vous alerter sur des prix incohérents mais ne doit pas vous influencer : la barrière entre conseil et influence est souvent ténue.
Le maître-mot est donc le juste prix.

Sachez refuser les "prix faussement compensatoires". Je m'explique : Un entrepreneur chiffre la main d’œuvre du terrassement à un prix défiant toute concurrence mais un coût d'évacuation des terres exorbitant, vous expliquant que les deux s'équilibrent au final (ce qui peut-être vrai). Celui-ci sait que le projet sous-estime le volume de terre à évacuer. Le marché que vous avez signé prévoit des avenants en moins-value ou en plus-value en cas de réajustement des volumes à évacuer. Lors du terrassement, il vous annonce qu'il doit évacuer x mètres cubes en plus et que tant que vous ne donnez pas votre accord, il laisse la terre en place, bloquant ainsi l'avancement des travaux... Vous voilà coincé, obligé de payer beaucoup plus cher l'évacuation des terres.

Comment vérifier l'honnêteté d'un devis? D'abord vérifier s'il est bien détaillé, que tout y est afin de ne pas avoir d'avenant "surprise" au deier moment. Ensuite allez voir sur les comparateurs de prix en ligne les principales fouitures qui vous paraissent chères. Il y a aussi sur le net de nombreux forums qui permettent d'avoir un bon aperçu de prix honnêtes. Pour estimer le coût d'une prestation de "service pur" comme par exemple l'élagage d'un arbre, estimez le prix d'une heure ou d'une demi-jouée de travail et de location de matériel, multipliez par le nombre d'ouvriers nécessaires et vous verrez que vous trouverez des surprises car c'est souvent sur ces petits travaux sans fouitures que l'entreprise effectue ses plus grosses marges.
Enfin n'hésitez pas à harceler votre maître d'œuvre pour lui demander d'où il vous sort ses estimations!

S'il manque des postes ou si des postes ne sont pas détaillés, il y a peut-être anguille sous roche ou une grosse lacune.
Les maîtres d’œuvre vérifient souvent au préalable les prix qu'il vous détaillent auprès d'entreprises locales, en effectuant une pré-consultation. Ils peuvent aussi se fier à de nombreuses bibliothèques de prix disponibles sur inteet ou en catalogue. Avec l'expérience du métier, ils peuvent connaître de nombreux prix sur le bout des doigts.
Il devra aussi indiquer ses honoraires et la part de TVA. Son prix doit comprendre son assurance. Ne demandez pas forcément une garantie décennale au maître d’œuvre, sauf si vous faites construire des ouvrages d'art, des maçonneries...

Le maître d'œuvre vous assiste dans votre passation de marché. C'est à dire qu'il vous donne son avis sur les offres des entreprises, vérifie la bonne santé financière de ces deières, s'assurant qu'elles ont les moyens mais aussi les qualifications, les assurances et qu'elles ont déjà des références en la matière.

Normalement, ce n'est pas le maître d'œuvre qui lance l'appel d'offres car cela ne peut relever de sa responsabilité de conseiller, l'appel d'offres reste votre propriété et votre responsabilité. Il y aurait aussi des possibles conflits d'intérêts. Votre paysagiste peut avoir des dettes vis-à-vis d'entreprises et peut se montrer insistant pour vous coller une de ses entreprises "amies" dans les pattes, à vous de faire la part des choses en lui demandant sur quels arguments il se base pour vous annoncer que telle ou telle offre est meilleure. Vous pouvez demander à votre maître d'œuvre qu'il consulte pour vous les entrepreneurs, il devra alors vous présenter au moins 3 devis pour vérifier sa bonne foi et comparer plus finement les entreprises. Même avec cette sécurité, il arrive parfois que des maîtres d'œuvre demandent des "devis de couverture" à des entreprises qu'il connaît bien ou qui se connaissent, pour favoriser l'une d'entre elles. Il vous sera dans ce cas quasiment impossible d'y voir quoi que ce soit. Les critères pour qualifier une offre sont généralement dans l'ordre suivant : le prix, les moyens matériels et humains, les qualifications, le chiffre d'affaires annuel et les références de projets similaires déjà réalisés.

En cas de litige avec votre maître d'œuvre, si vous sentez qu'il a manifestement pipé les offres et si vous êtes persuadé de son tort, vous pouvez tenter de retenir ses paiements jusqu'à la réparation, ça peut être risqué si vous n'êtes pas sûr de votre coup, mais ça fait généralement réagir. Vous pourrez aussi décider d'annuler l'appel d'offres et le relancer si les prix proposés par les entreprises ne correspondent pas à la fourchette estimée à l'avant-projet. La marge d'erreur de l'estimation est de l'ordre de 4% en marché public.
Les lettres de mise en demeure ne sont pas une notification d'huissier et il vous reste plusieurs cartes à jouer avant de porter une main courante : faire traîner le paiement, mandater une expertise, jouer de votre assurance dommage-ouvrage, faire intervenir un huissier assermenté...

En cas de litige avec l'entreprise qui réalise les travaux, faites de même : rassemblez des preuves : photos, échantillons, témoignages... Vous pouvez aussi demander une retenue de garantie de parfait achèvement des travaux dans votre appel d'offres (pas après c'est trop tard). Cette retenue se monte généralement à 5% du montant des travaux mais peut se négocier à 10% voire 15%. C'est toujours ça de pris pour réparer les dégâts. En cas de défaillance d'une entreprise (cas de force majeure, faillite, malfaçon flagrante...), le maître d'œuvre n'est pas responsable, mais il peut avoir sa part de responsabilité :
- s'il n'a pas contrôlé les capacités de l'entreprise lors de la négociation ;
- s'il n'a pas effectué les pressions nécessaires sur l'entrepreneur ;
- s'il n'a pas cherché de solutions de repli pour terminer les travaux.
Demandez-lui alors de faire effectuer le travail par une autre entreprise aux frais de la première, cela implique néanmoins une main-courante de votre part et un jugement du TC en votre faveur.

Cas particulier de négociation sur les prix : la TVA sur les végétaux, normalement à 7%, elle est souvent (comme c'est le cas ici) répercutée à 19,6%. La raison est avant tout une question de pratique courante. L'entrepreneur paysagiste réalise une marge sur ces végétaux qui correspond à la valeur ''service'', à savoir le temps passé à chercher et commander les plantes auprès des pépiniéristes. Si vous voulez vraiment économiser quelques bouts de chandelle, il est possible dans le cas de gros projets de commander les végétaux en direct aux pépinières, l'entreprise ne facture alors que la main d'œuvre de la plantation. En théorie cela peut être judicieux mais en réalité elle sera la plupart du temps obligée de monter ses prix de plantation, rentabilité oblige. Quid ainsi de la garantie de reprise des végétaux que l'entreprise n'assumera probablement pas, car elle n'aura pas pu contrôler la qualité des fouitures. Dans le cas où vous avez de grosses quantités à commander ou des végétaux très difficiles à trouver en pépinière, faites un contrat de culture auprès d'un producteur ou réservez très longtemps à l'avance.
Votre paysagiste qui plantera les végétaux indiquera de préférence, outre leur prix, l'espèce et le cultivar, l'origine de culture, la taille en hauteur ou en largeur, la taille du contenant (ou racines nues), le nombre de rameaux ou l'âge... Il est préférable parfois de demander des précisions : forme taillée ou libre, couleur des fleurs ou du feuillage, nombre de transplantations, poids de la motte et du houppier, culture de mycorhizes...

Voilà, on pourrait écrire plusieurs tomes sur le sujet mais je vais m'arrêter là pour le moment.
Et n'oubliez pas avant de signer : demandez à votre paysagiste une copie de ses diplômes, son K-bis, son certificat d'assurance (RC et /ou décennale), ses bilans et attestations de régularisation du service des impôts et de l'URSSAF, le tout signé, daté et tamponné.

Attention à la dénomination de paysagiste conseil : c'est une activité très différente de paysagiste entrepreneur.
J'ai pour habitude de faire cette comparaison : paysagiste conseil = architecte, paysagiste entrepreneur = maçon.


hdohen, le 08-06-2012 à 17h06 :

Milles merci, c'est super complet et très enrichissant.

Dans le cadre de mon étude de marché, je suis actuellement en train d'affiner mes chiffres et commence à réfléchir à des volumes de réalisation, sans doute en surface… Sur ce point, il faudrait envisager deux années au moins avec l’impact de la saisonnalité. Mais voilà, n'ayant qu'une idée assez vague du montants de charges, je n'arrive pas à calculer cette surface, ou tout au moins à me poser les bonne questions.

Auriez-vous la possibilité de m'aider sur ce point, ou tout au moins de m'orienter sur des personnes susceptible de m'apporter des réponses ?

Bien cordialement,

Hervé Dohen


hdohen, le 14-06-2012 à 21h43 :

Bonjour,

Déjà je vous remercie vivement pour le sujet suivant : "Consulter un maître d'oeuvre paysagiste - les astuces et bons conseils", extrêmement complet.

Etant actuellement en reconversion, je vais reprendre mes études à Angers pour qu'en 2014, je sois enfin près pour créer mon entreprise en qualité de paysagiste dans l'Oe (61) pour les particuliers.

Actuellement, je suis en train de monter mon étude de marché aidé par un cabinet spécialisé et votre devis accessible sur le forum est une base très précieuse.

J'aurais d'ailleurs quelques questions afin d'affiner mon étude :

1- En n°1 de votre devis, vous facturez le décapage au forfait soit 300 €. Est-ce que cette somme varie selon des échelles de surface ?

2- Quelle est la marge que vous ajoutez entre l'achat des plantes et la revente aux clients ?

3- Comment facturez-vous les plans, soit l'esquisse (ESQ), l'avant-projet (AVP), l'avant projet détaillé (APD), le projet (PRO), avant la mise en oeuvre. Car cette prestation n'apparaît pas sur votre devis.

4- Comment margez-vous vos prestataires. Si toutefois la mise en oeuvre d'une partie du projet ne rentre pas dans le champs de vos compétences directs ?

Je vous remercie d'avance pour vos réponses.

Bien cordialement,

Hervé Dohen


Lhoteric, le 15-06-2012 à 22h50 :

Merci pour l'intérêt que vous portez à notre site.

Je vais tenter de répondre au mieux à vos questions :

1 : Le terrassement, ça se calcule plus ou moins au temps passé, sachant qu'en plus, le prix de la location d'une jouée de mini-pelle (si besoin) est incompressible. Rajouter en sus l'évacuation de terre si excédent de déblai. Si vous n'êtes pas habitué à faire des chiffrages, faites faire une estimation préalable par une ou plusieurs entreprises pour vérifier que votre estimation est dans une bonne fourchette, avant de lancer une consultation votre appel d'offre. Ça peut vous éviter de recevoir des offres à 2 ou 3 fois le prix de votre estimation. Sinon, il existe des bordereaux de prix tous prêts et mis à jour tous les ans, mais il faut les acheter et ça ne vous protège pas des erreurs ou des oublis.

2 : Nous calculons généralement une majoration de 40 à 60% sur le prix de fouiture des végétaux selon si garantie de reprise ou pas.

Plus la liste est simple (végétaux faciles à trouver en pépinières) et plus la quantité est élevée, plus on descend la majoration (min 30-35%). Parfois, pour des végétax fragiles et chers à l'unité, prévoir une majoration d'environ 60 à 70%.

Attention au poids des plantes qui peut faire fortement grimper le prix, car une motte d'arbre de 500kg, ça ne se manipule pas à la brouette !

3 : Les honoraires de maîtrise d’œuvre n'ont parfois strictement rien à voir avec le montant des travaux. On calcule nos honoraires selon plusieurs critères et on prend en compte les 'facteurs limitants' (minimums incompressibles comme les impressions, les déplacements...). Nous savons que nous avons un seuil de rentabilité en dessous duquel on perd de l'argent. Ce seuil, on le calcule en fonction de nos charges et de nos revenus sur l'année. Chez Bee, on ne doit pas descendre sous 600€HT/j.

Lorsque l'on établit un devis pour un client, on affiche clairement le détail des honoraires (chaque déplacement, plan, croquis, estimatif, caet de détails, photomontage...) On sait par exemple qu'il nous faut une demi-jouée au minimum pour sortir un plan sommaire pour un jardin d'environ 100 à 200m2. Après ça devient une habitude, on connaît nos prix et notre rentabilité pour chaque type de prestation.

Parfois, on se met d'accord avec le client sur un % du montant de travaux (généralement lorsque l'on fait une maitrise d’œuvre complète). Ce montant est au départ peu précis et est réajusté en fin de travaux. Sinon, on calcule un forfait au temps passé, car il y a souvent des études sans travaux (étude faune-flore, ZPPAUP, cahier des charge de ZAC...).

Pour certains clients (généralement les particuliers peu fortunés), et quand le projet nous intéresse, on fait des prix un peu plus bas car on sait que sinon il s'enfuient. Pour d'autres (grosses sociétés, clients fortunés) on peut remonter un peu le prix mais jamais dans de grandes proportions. Il va sans dire que plus le projet est complexe, plus il demandera de temps d'études, plus il coûtera cher.

Globalement, les honoraires varient de 20% du montant des travaux pour des très petits projets complexes mais peu chers à 5% pour des projets simples sur des grandes superficies. 10 à 12% est une bonne moyenne pour une maîtrise d’œuvre complète dans une fourchette de montant de travaux à partir de 50-100K€

En dessous de 10K€ de travaux, on ne peut plus vraiment parler de % du montant de travaux.

En général les phases de début d'étude (esquisse, APS) sont plus rémunératrices et la direction des travaux moins rentable.

Cela s'explique parce que les études en bureau demandent peu de frais (pas ou peu de déplacements) et parce qu'en début de projet, il y a moins de surprises. Ensuite, ça se corce un peu. On peut passer 3 mois à galérer sur un appel d'offres infructueux, il peut y avoir des imprévus de chantier...

Un bon compromis est de bien faire comprendre à votre client lorsque vous négociez un devis de maîtrise d’œuvre que chaque déplacement supplémentaire lui coûtera x€ en sus du prix de base.

4 : Nous ne faisons pas de marge sur les prestataires, sauf s'il éventuellement il y a un risque avéré qu'il nous claque dans les doigts (ça peut arriver si le client nous impose un sous-traitant). Mais nous ne faisons quasiment pas appel à des sous-traitants, si ce n'est jamais. Nous préférons opter généralement pour le groupement de co-traitants avec paiement en direct. A chacun ses responsabilités.

Je rappelle que nous n'avons absolument aucun lien financier avec les paysagistes entrepreneurs car nous sommes maîtres d’œuvre. Nous nous efforçons d'éviter au maximum les conflits d'intérêts. Un maître d’œuvre ne peut pas défendre les intérêts de son client maître d'ouvrage tout en étant rémunéré d'une manière ou d'une autre par une ou plusieurs entreprises. D'ailleurs, nous n'avons même pas à nous immiscer dans les paiements entre client et entreprises. Si nous émettons des certificats de paiement pour notre client, c'est uniquement pour lui confirmer notre accord sur le fait que la prestation de l'entreprise a été réalisée conforme. Nous n'avons ensuite aucune trace des règlements entre maître d'ouvrage et entreprise. Si le client décide de son propre chef de ne pas payer l'entreprise, nous ne sommes pas responsables. Si une entreprise est défaillante, nous ne sommes pas responsables non plus (mais nous nous devons de trouver des solutions et alerter notre client des conséquences).

Certains maîtres d’œuvre se font rémunérer par les entreprises, à la demande du client) mais je trouve cette méthode plus que douteuse, on peut plus parler dans ce cas de maîtrise d’œuvre. Pire, certains se font rémunérer en douce par les entreprises en échange de quelques faveurs, qui sont en principe à l'insu du maître d'ouvrage, mais là c'est carrément de l'escroquerie.

L'autre cas de figure, c'est lorsque nous faisons des études directement pour des entreprises (conceptions, plans de récolement...). Mais dans ce cas nous n'existons pas pour le maître d'ouvrage, notre client c'est l'entreprise (sauf si la maître d'ouvrage demande que l'entreprise déclare ses sous-traitants, notamment en cas de réponse à un appel d'offre).

Pour éclaircir le point de flou dont vous parliez dans votre mail :

le paysagiste concepteur - ou maitre d’œuvre ne prend facture pas les coups de bêche ni les parpaings. Il facture des honoraires de prestation intellectuelle. C'est un conseiller, un ingénieur, un artiste, un technicien.

Le paysagiste entrepreneur facture les travaux qu'il réalise (main d’œuvre, matériaux, plantes...).

Ce sont deux métiers aussi différents que maçon et architecte.

Il n'y a a aucune nuance là-dedans, l'un imagine et dirige, l'autre exécute.


Nous ne faisons pas de maîtrise d'ouvrage. Le maître d'ouvrage, c'est le client final. Mais nous pouvons faire de la maîtrise d'ouvrage déléguée, lorsque le maître d'ouvrage se sent incompétent pour suivre à la fois les maitres d'oeuvre, les bureaux d'études, les entreprises, les bureaux de contrôle...


Lhoteric, le 09-08-2012 à 19h54 :

Vous risquez de trop extrapoler et d'arriver à un résultat très loin de vos estimations. Il y a des projets avec des ratios prix/surface qui vont du simple au centuple !
Ferez-vous des terrasses et jardins ? des projets urbains ? de la MOE ou de l'AMO ?
Une chose dont je suis sûr : à chaque fois qu'on a fait un prévisionnel, le bilan n'avait rien à voir. Souvent, les projets qu'on attend ne sortent pas et on bosse sur d'autres... Souvent, on n'a pas de boulot pendant des semaines, voire des mois et d'un coup on se retrouve en charrette permanente.

Il est très difficile de prévoir un CA et encore moins une marge dans notre métier, alors ne parlons même pas de surface, ça ne veut rien dire. On sait juste que pour survivre au smic (et encore...), il faut encaisser au moins 5k€/mois/tête.


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